Pour commencer, un petit topo sur le sommeil normal de l'adulte
A. LES PHASES DU SOMMEIL :I. LE SOMMEIL LENT 1)Phase I de sommeil lent léger :: L’endormissement
Définition électrophysiologique :Association de fréquences EEG mixtes de faibles voltages et des ondes alpha (8Hz) et thêta (3,1-7,9 Hz)Cette phase est courte.
On ne rêve pas à proprement parler durant cette phase mais une ébauche de phénomènes oniriques sont constants, ce sont les rêveries hypnagogiques, les pensées se déstructurent peu à peu, remplacées par un enchaînement illogique d’images, de sensations physiques et de sons essentiellement, qui disparaissent peu à peu. Leur disparition nous fait entrer dans la phase suivante.
Le corps reste très influençable par les stimuli extérieurs, un moindre bruit nous réveille. Le rappel de « rêve » au réveil en phase I est quasi-impossible, il ne reste que des bribes d’images, des impressions, rien qui ne puisse être verbalisé sans un effort particulier d’attention.
Il y a un relâchement progressif du tonus musculaire, émaillé bien souvent (cela dépend des personnes) de secousses musculaires, provoquant le réveil assez souvent.
2)Phase II de sommeil lent léger :Définition électrophysiologique :Présence de fuseaux de sommeil (12-14Hz) d’une durée minimale d’une demi-seconde et/ou de complexes K (grandes ondes définies par leur amplitude et leur aspect isolé), et l’absence d’ondes lentes en quantité suffisante (- de 20%).Ce stade est beaucoup plus long, c’est une étape transitoire.
L’activité mentale se réduit, on est moins sensible aux évènements extérieurs. Le tonus musculaire persistant est très diminué. Les fréquences respiratoire et cardiaque ralentissent et se régularisent, les mouvements oculaires disparaissent.
3)Phase III et IV de sommeil lent profond :Définition électrophysiologique :C’est le sommeil à ondes lentes (Slow Wave Sleep = SWS)
Ces 2 stades se distinguent par la proportion d’ondes lentes ou ondes delta (0,1-2,9Hz). Lors du stade III on trouve 20-50% d’ondes delta de grande amplitude. Le stade IV est caractérisé par plus de 50% d’ondes delta.Le sommeil est véritablement installé, les sens sont mis en veille (personnellement, quand je me réveille à ce moment là, par exemple lorsque je me suis endormi devant la télé, j’ai la nette sensation d’être sourd pendant les quelques millisecondes accompagnant mon réveil). La température corporelle est basse, les fréquences respiratoire et cardiaque au plus bas et régulières. Il persiste une discrète activité musculaire, les globes oculaires sont immobiles.
II. Phase V, le sommeil paradoxal :Définition électrophysiologique :Sur le plan de l’EEG, il est difficile à distinguer du sommeil lent. C’est une association d’ondes de faible amplitude rapides, avec parfois mélange avec des ondes thêta et alpha lentes. La distinction repose sur l’enregistrement de l’EMG(enregistrement du tonus musculaire) et de l’EOG (enregistrement des mouvements oculaires).Il est appelé aussi REM sleep par les anglo-saxons (Rapid Eyes Movements)
La survenue du sommeil paradoxal tranche avec celle du sommeil lent profond qui le précède, c'est un véritable coup de tonnerre dans le ciel tranquille du sommeil léger et profond dit orthodoxe.
Les mouvements oculaires apparaissent tandis que restant en mydriase, la pupille signe la persistance du sommeil. Ces mouvements sont déclenchés par le lancement de l'activité ponto-géniculo-occipitale (circuits neuronaux situés entre 3 poles situés au niveau du tronc cérébral et la partie du cerveau qui régit les informations visuelles) . Ces mouvements oculaires pourraient accompagner les images du rêve qui peuvent résulter d'une stimulation du cortex occipital (le cerveau de la vision). Le cerveau est actif mais désynchronisé du reste du corps.
En parallèle, l'EMG (enregistrement du tonus musculaire) traduit une abolition de l'activité musculaire tandis que l'EOG (électro-oculogramme) enregistre des salves rapides de mouvements oculaires. Rythme cardiaque et respiration deviennent irréguliers, l'érection s'installe, et divers accès cloniques de la face, des pieds et des doigts peuvent survenir (comme lors de la phase I).
Le stade V représente entre 20 et 25 % de la durée totale du cycle, selon l'âge et l'état du sujet. Ses épisodes sont de plus en plus longs et de plus en plus fréquents à mesure que la durée du sommeil s'épuise et que la nuit s'avance. Son délai d'apparition est de l'ordre de 90 minutes après l'endormissement.
III. Intercycle :Cette phase n’a pas dénomination consensuelle, tantôt appelée phase 6, on la nomme parfois « état intermédiaire » que je n’utiliserai pas pour éviter la confusion avec un état onirique ainsi nommé par certains.
C’est une phase généralement courte, durant moins de 3 minutes la plupart du temps, correspondant à un micro-réveil. Elle fait suite à la phase de sommeil paradoxal.
A ce moment, on est très sensible aux stimuli externes, ainsi qu’aux stimuli internes (mauvaise position pour dormir, envie de pisser, soif…). Cependant si aucune perturbation n’intervient, on replonge aussitôt dans un nouveau cycle de sommeil.
Au fur et à mesure des cycles, cette « phase » s’allonge, sa profondeur s’atténue pour aboutir au matin au réveil définitif.
Enfin il existe une période de sommeil que je qualifierais d’inclassable, correspondant aux différents passages des phases de sommeil lent aux phases de sommeil paradoxal. Cette transition se fait par une diminution de la profondeur du sommeil, on ne passe pas de la phase 4 de sommeil lent au sommeil paradoxal mais on repasse par un stade 2 ou 1 de sommeil lent. Le (micro-)réveil est ici possible aussi. La durée cumulée de ces transitions est non négligeable sur la durée totale du sommeil.
B. L’ORGANISATION DU SOMMEIL :L'organisation des rythmes du sommeil est progressivement acquise grâce à l'alternance veille/sommeil de la période foetale jusqu'à l'âge de 20 ans.
L'organisation au cours de la nuit se fait par cycles de 90 à 100 min, le nombre de cycles varie de 4 à 6 cycles par nuit, pour une durée moyenne de sommeil de 8h (on considère qu’il y a 5% de la population qui sont des petits dormeurs - moins de 6h / 24h - mais pas insomniaques et 5% de la population sont gros dormeurs (plus de 9h / 24h). .
Chez l'adulte, le sommeil lent profond prédomine dans le premier tiers de la nuit. Les périodes de sommeil paradoxal sont brèves en début de nuit, plus longues sur le matin.
Au total sur une nuit moyenne, on retrouve 6h de sommeil lent + 2h de sommeil paradoxal. Le premier cycle est généralement le plus long, il dure environ 2h. La première phase de sommeil paradoxal apparaît habituellement entre 50 et 120 min après l'endormissement. Les cycles sont aussi de moins en moins organisés en fin de nuit
Pour finir un petit schéma de l’organisation du sommeil normal (que je me suis permis d'emprunter au site
www.institut-sommeil-vigilance.com):